Friday, May 30, 2014

En Ecosse, la campagne pour l'indépendance est officiellement lancée


« Si l'Ecosse quitte le Royaume-Uni, elle quitte la livre sterling », a résumé le ministre des finances britannique. Les Ecossais se prononceront sur l'indépendance dans un référendum en septembre.


Les derniers sondages donnent toujours le « non » vainqueur, le 18 septembre, avec environ 40 % des voix. Mais l’écart entre partisans et opposants à l’indépendance n’a cessé de se réduire ces derniers mois, avec près de 30 % de votants qui pencheraient pour le « oui ».


Lire le reportage : En Ecosse, les indépendantistes gagnent du terrain


  • La question du niveau de vie

« Ce qui pourrait être le plus déterminant en septembre pour les électeurs est la question de savoir si leur niveau de vie s’améliorera ou pas », d’après Charlie Jeffery, professeur de politique à l’université d’Edimbourg.


Les élections européennes à peine terminées, la guerre des chiffres a d’ailleurs été relancée autour de cette question. Le premier ministre écossais, Alex Salmond, a fait valoir que l’indépendance placerait l’Ecosse parmi les nations les plus riches au monde — notamment grâce au contrôle d’une partie des réserves de pétrole de la mer du Nord.


« Nous avons projeté les profits sur une période de quinze ans et nous avons calculé que chaque habitant gagnerait 1 000 livres [1 230 euros] de plus par an », en cas de la victoire du « oui », a-t-il affirmé sur la BBC. « Une Ecosse indépendante commencerait son existence avec des finances publiques solides et pourrait ensuite voir son économie croître de 5 milliards de livres [plus de 6 milliards d'euros] par an d’ici à 2029-2030 », a-t-il poursuivi.


De leur côté, le premier ministre conservateur David Cameron et l’opposition travailliste livrent une analyse radicalement différente en cas de scission. Le secrétaire du Trésor, Danny Alexander, a assuré que, en cas d’indépendance, « les Ecossais n’auront pas autant de ressources disponibles pour leurs services publics ». « En restant unis, le futur de l’Ecosse sera plus sûr, avec des finances plus solides et une société plus développée. Chaque habitant pourra compter sur un bonus de 1 400 livres [plus de 1 700 euros] par an », a-t-il souligné.


Lire : L’Ecosse face aux défis de l’indépendance


  • La question de la monnaie

Le gouvernement écossais, dirigé par les indépendantistes du Parti national écossais (SNP — pour Scottish National Party), souhaite mettre fin au contrôle direct de Westminster, tout en conservant ce qu’il nomme des « bien communs », comme la monnaie — la livre sterling — et la monarchie.


Mais le ministre britannique des finances, George Osborne, a fait savoir, en février, que le Royaume-Uni n’était pas forcément disposé à accepter de partager la livre sterling en cas de « oui » au référendum : « Si l’Ecosse quitte le Royaume-Uni, elle quitte la livre sterling. »


Lire : Comment Londres veut appliquer une pression monétaire sur l’Ecosse


  • La question de l’intégration européenne

Les débats sur le scrutin européen ont été hantés, en Ecosse, par le spectre du référendum d’indépendance. C’est le United Kingdom Independence Party (UKIP) europhobe de Nigel Farage — impopulaire en Ecosse — qui a finalement remporté une victoire historique aux élections européennes. Or aucun des neuf eurodéputés du UKIP n’est écossais, et « les libéraux démocrates écossais risquent fortement de perdre leur siège à Bruxelles, laissant la voix libre au UKIP », prévient John Peterson, spécialiste de l’Europe à l’université d’Edimbourg.


Ces résultats pourraient avoir une répercussion sur la plus européenne des quatre nations qui constituent le Royaume-Uni — un sondage réalisé en avril montrait ainsi que, si un référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Europe avait lieu, l’Ecosse y serait défavorable à 48 %, contre 39 % au pays de Galles et 37 % en Angleterre.


Pour la journaliste écossaise Lindsey Johnstone, installée à Edimbourg, « la victoire du UKIP europhobe pourrait profiter au camp du “oui”, qui ne peut imaginer rester lié à un parti antieuropéen et anti-immigration ». Une des ambitions des partisans de l’indépendance est d’ailleurs d’adhérer au plus vite à l’Union européenne, pour faire davantage entendre la voix de l’Ecosse à Bruxelles.


Toutefois, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, avait jugé en février qu’il serait « extrêmement difficile, voire impossible » pour une Ecosse indépendante d’adhérer à l’Union européenne. En effet, l’adhésion à l’UE d’un Etat issu d’un pays membre de l’Union « doit être approuvée par tous les autres membres de l’Union européenne », a-t-il déclaré sur la BBC.


Lire (édition abonnés) : Hors du Royaume-Uni, les Ecossais demeureraient-ils européens ?




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